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Les implications politiques du réchauffement dû aux gaz à effet de serre: réduction, adaptation et base scientifique - 02/05 Page
434 La recherche et l'analyse exhaustive de la littérature n'est pas terminée, mais il a été possible de trouver de la documentation utile et de faire des premières estimations qui suggèrent des réponses positives à ces deux premières questions. Il semble donc approprié de continuer à considérer la gamme de possibilités de la géoingénierie et de rechercher des réponses à la question 3 ci-dessus. Dans presque tous les cas, la compréhension scientifique n'est pas suffisante. Continuer davantage l'examen nécessiterait d'abord une compréhension plus détaillée des modèles théoriques et des analyses de la physique, de la chimie et de la biologie des systèmes géophysiques, géochimiques, climatiques et écologiques. Si ces analyses supplémentaires suggèrent que les réponses aux questions sont toujours positives, alors des expérimentations pourraient être effectuées. Ce ne serait pas des expériences d'atténuation à grande échelle, mais plutôt dans le but de répondre aux questions qui pourraient encore subsister après les analyses théoriques, par exemple des questions concernant les effets optiques et les propriétés des différents genres de poussières ou d'aérosols, la durée de vie et les propriétés de stimulation de nuages des aérosols de sulfate troposphériques, etc. Il est aussi nécessaire d'avoir plus de détails sur la conception, le développement et l'analyse du coût des systèmes de déploiement proposés, peut être en y incluant des expérimentations avec du matériel spécifique. De tels travaux donneraient beaucoup plus d'informations à partir desquelles décider si de tels systèmes pourraient être déployés à un coût raisonnable et s'ils seraient susceptibles de fonctionner comme suggéré par les évaluations préliminaires inclues ci-dessous. Si les analyses théoriques, les expérimentations et les travaux de développement montrent que ces options d'atténuation continuent à tenir leur promesse, la possibilité d'un déploiement réel soulèverait encore d'autres problèmes. Le climat global et les systèmes géophysiques, géochimiques et biologiques examinés sont tous des systèmes fortement non linéaires impliquant l'interaction de beaucoup de systèmes annexes complexes. De tels systèmes sont susceptibles de manifester diverses formes d'instabilité, y compris du chaos dynamique, ainsi que divers effets latéraux inattendus. Ces possibilités doivent être sérieusement considérées avant le déploiement d'un système de réduction, et les risques impliqués évalués par rapport à d'autres alternatives. Est ce que le résultat des tentatives d'atténuation du réchauffement dû aux gaz à effet de serre par l'utilisation d'un de ces systèmes de géoingénierie mettrait un système global dans quelque état inattendu et non désiré? Les effets qui ont été suggérés comme résultat possible... Page
435 Nos modèles actuels et notre compréhension des systèmes géophysiques ne nous permettent pas de prédire de tels effets. Notre compréhension et modèlisations n'ont même pas permis jusqu'à maintenant de dresser la carte des états possibles du système. Nous pourrions avoir besoin d'une approche différente des modèles pour être capables d'y arriver. On pourrait soutenir que, face à une telle incertitude, nous ne devrions pas considérer "bricoler" la seule terre que nous ayons. Cependant, nous ne manquons pas de compréhension sur ce sujet. La principale caractéristique de l'instabilité du chaos par exemple, est que les comportement d'états dont les conditions initiales sont seulement légèrement différentes peuvent être totalement différents. Ceci est fréquemment exprimé dans la déclaration "le battement d'aile d'un papillon peut changer le futur de la terre". Cependant, nous connaissons les effets de différents genres d'évènements sur le système géophysique et nous en connaissons beaucoup. Page
436 Améliorer notre compréhension sur
ces sujets de cette façon peut nous permettre de prendre des
décisions rationnelles sur les risques à prendre si nous
désirons utiliser la géoingénierie ou d'autres
moyens d'atténuation pour contrer un réchauffement produit
par les gaz à effet de serre. Une prudence particulière
doit être de mise parce que, bien que changer la chimie de l'atmosphère
et la réflectivité globale ait un impact sur la température
moyenne globale, leurs physiques correspondantes sont très différentes.
La distribution géographique des effets pourrait aussi être
très importante. Page
442 Page
443 Alors que le rôle des océans dans la modération de l'augmentation actuelle des combustibles fossiles dépend totalement du taux de dissolution et de l'alcalinité, le futur rôle potentiel de la biote des océans ne peut pas être ignoré. La quantité totale potentielle de carbone qui pourrait être utilisée par la photosynthèse dans les océans a été estimée à 35 Gt/an. Cependant, ce chiffre représente la fixation brute du carbone dans les océans; l'effet net sur l'atmosphère dépendra sur la circulation inverse dû à la décomposition et atteindra finalement un état stable. Les données des carottes glaciaires (Neftel et autres, 1982; Barnola et autres, 1987) montrent que, dans le passé, le niveau atmosphérique de CO2 a fluctué indépendamment des activités humaines, avec des concentrations de CO2 pendant les périodes de glaciation environ 30% inférieures à celles de l'ère pré industrielle. Une question clé est donc, est ce que cet état peut être atteint aujourd'hui? En 1984, trois groupes de recherche indépendants ont publié des hypothèses sur ce phénomène (Knox et McElroy, 1984; Sarmiento et Toggweiler, 1984; Siegenthaler et Wenk, 1984). Chacun est arrivé à la conclusion que la clé réside dans la concentration de surface de nutriments dans les régions océaniques polaires. Dans des zones telles que le pacifique nord et l'océan antarctique circumpolaire, de hautes concentrations de nitrate et de phosphate (les ingrédients clés pour la croissance des plantes) ne sont pas utilisées. Le problème ne semblait pas venir de la lumière insuffisante ou du froid glacial, mais d'autres variables pas encore identifiées. Les modèles de 1984 ont montré que si ces nutriments étaient assimilés, la conversion du CO2 en carbone organique pourrait déjà justifier un signal de période de glaciation. Ces nutriments doivent être considérés comme une capacité chimique importante inutilisée des océans, à une échelle pouvant significativement affecter l'équilibre global du carbone. Une solution radicale à l'énigme du CO2 de la période glaciaire a été proposée par Martin et ses collègues (Martin et Fitzwater, 1988; Martin et Gordon, 1988; Martin, 1990; Martin et autres, 1990). Ces scientifiques ont réussit les premières mesures fiables du fer "dissout" à l'échelle nanomolaire dans les eaux océaniques grâce à l'évitement rigoureux du problème envahissant de la contamination. Ils ont de plus montré que l'addition infime de fer à la population naturelle de phytoplancton stimulait la photosynthèse et ont émis l'hypothèse que l'absence de fer limitait la croissance du phytoplancton dans ces zones. Donc des apports minimes de poussière atmosphérique pourraient déclencher la croissance du plancton et finalement réduire le CO2 atmosphérique. Enfin, les données des carottes de glace montrent que les périodes de glaciation, avec des continents secs et poussiéreux, sont caractérisés par un apport important de poussière dans les océans. Le chemin pour l'utilisation contemporaine de ce potentiel océanique inutilisé est... Page
444 Les spécialistes du phytoplancton de l'atelier du NRC furent d'accord sur le fait qu'il est faisable de réduire l'augmentation du taux de CO2 atmosphérique grâce à la production améliorée des océans, résultant en un transport accru du CO2 de l'atmosphère vers l'océan. D'après les modèles existants, ils ont estimé que 2 Gt C/an supplémentaires peuvent être supprimés de l'atmosphère si la production est améliorée et que la plupart des nutriments sont assimilés. Parce qu'il est nécessaire que la concentration du fer soit à un niveau nanomolaires, ils ont prévu que le coût de la fertilisation par le fer serait faible. Estimation des coûts Page
445 Si nous supposons un prix de 100 millions de
$ par bateau, chaque bateau ayant un coût opérationnel
journalier de 10000 $, nous obtenons un coût pour la flotte de
2 milliards de $, donnant un coût annuel (amorti sur 20 ans) de
100 millions de $ et un coût opérationnel annuel de 73
millions de $. Ceci donne un coût total de 173 millions de $ pour
couvrir 2.6 millions de Km2. Pour 46 millions de Km2, le système
doit être multiplié par 18, ce qui donne environ 3 milliards
de $ par an. Dans l'océan antarctique nous devons prendre des
marges généreuses pour les conditions météorologiques
imprévues, utilisons un facteur 3, ce qui donne une estimation
de 9 milliards de $ par an pour le coût des bateaux et de leurs
opérations. À ceci nous pouvons ajouter 1 milliards de
$ par an pour les opérations générales du système,
ce qui donne un coût total des opérations de 10 milliards
de $ par an. En y ajoutant le coût des opérations, nous obtenons une gamme de prix de 10 à 110 milliards de $ par an. Ceci enlèvera de 1.8 à 3 Gt C (en utilisant la gamme à la fois de Martin et de l'atelier du NRC), équivalent à la réduction de 7 à 11 Gt CO2/an. Ce qui donne une gamme de 1 à 15 $ par tonne par an. Page
446 Quelques problèmes En plus de l'utilisation de micro-algues pour assimiler du CO2, utiliser des macro-algues (algues marines) a aussi été proposé. L'avantage des macro-algues inclut un taux de sédimentation plus rapide, ainsi que leur valeur comme combustible de biomasse et comme source de produits chimiques et de nourriture. Cependant, leur utilisation nécessiterait la construction d'un système de production pour obtenir de grandes surfaces de culture. Il y a de nombreuses questions se rapportant à l'utilisation de micro et macro-algues auxquelles répondre avant que de meilleures estimations sur les coûts de réduction du carbone par ces systèmes puissent être faites. Les aspects clés associés avec les prédictions de coûts incluent le taux de productivité dans les océans, le recyclage des nutriments, la limitation des micro nutriments (spécialement le fer) et le détail de la conception d'un système pour la fourniture contrôlée de millions de tonnes de fer sur de larges portions d'océan. Comme pour les autres options d'atténuation, des questions environnementales importantes soulevées par l'utilisation d'algues pour assimiler le CO2 incluent celles concernant les effets sur la chaîne alimentaire, l'introduction et la prolifération d'espèces non indigènes (spécialement les macro algues), la décomposition anaérobique des algues en CH4 et la formation possible de grandes quantités d'haloformes et de sulphate de diméthyl. Comme noté ci-dessous dans la discussion sur la stimulation des nuages, on peut s'attendre à ce que les organismes naturels dont la croissance serait stimulée par l'apport de fer produisent du sulfide de diméthyl, qui formerait des noyaux de condensation de nuage. Aux endroits et au moment où il y a peu de nuages, la surface fertilisée pourrait devenir plus nuageuse, ce qui aurait un effet de refroidissement supplémentaire. Il y a aussi des inquiétudes sur les possibilités de créer une couche anoxique à faible profondeur. Page
447 Estimation des paramètres de l'écran L'hypothèse qu'une diminution de 1% de
la lumière solaire est équivalente à l'atténuation
de l'effet de serre de 1000 Gt de carbone (ou 4000 Gt de CO2) est un
point majeur pour toutes les estimations suivantes. Page
448 Miroirs spatiaux Si chaque voile fait 108 m2 de surface (une grande voile à gérer), 55000 voiles de ce genre seraient nécessaires. Cela semble être un problème de contrôle très difficile voire ingérable. Cependant, s'il est besoin d'atténuer l'équivalent de 8 Gt CO2 (les émissions de gaz à effet de serre américaines en 1998), un parasol 500 fois plus petit, équivalent à 110 voiles, serait nécessaire. En prenant les 1.5 $/t CO2 atténué, le coût serait de 12 milliards de dollars; aux prix actuels des lancements, le coût serait de 120 milliards de dollars. La question de la périodicité du remplacement des voiles (à cause des dommages résultants des collisions avec des débris) n'a pas encore été examinée. Si le remplacement de toutes les voiles était nécessaire chaque année, les chiffres ci-dessus seraient annuels; le coût pour une période de 40 ans serait 40 fois supérieur, et similaire pour d'autres taux de réapprovisionnement. En tenant compte de cette possibilité et en utilisant les coûts précédents de 1.5 à 15 $/t CO2, l'estimation des coûts se situe entre 0.1 $ et 15 $/t CO2/an. Poussière dans l'espace Poussière stratosphérique Page
449 Une alternative à la poudre est l'aérosol d'acide sulfurique, l'autre composant naturel principal de la brume stratosphérique. La poudre semble être un meilleur choix parce qu'elle est similaire à la poussière du sol naturel et ainsi ne devrait pas avoir d'effet visible au niveau du sol comme elle tombe progressivement à travers la troposphère et est entraînée par la pluie (d'autres effets possibles sont indiqués ci-dessous). Cependant Budyko (1982) suggère l'utilisation d'aérosols d'acide sulfurique créés par le brûlage de soufre, résultant en dioxyde de soufre (SO2) qui absorbera automatiquement l'eau de l'atmosphère entraînant des gouttelettes de solution d'acide sulfurique. Il donne 600000 tonnes d'acide sulfurique comme poids nécessaire pour réduire les radiations totales de 1%. Comme nous le verrons, c'est moins d'1 dixième de la quantité estimée de poudre. Budyko signale que la quantité de soufre nécessaire pour être brûlée dans l'atmosphère pour produire l'aérosol est de 200000 tonnes, ou peut être même seulement 40% de cette quantité, en fonction de la quantité d'eau qui pourrait être absorbée de l'air. Les coûts pourraient donc être de seulement 1/7 à 1/3 de ceux estimés pour l'acide sulfurique. Il estime aussi la durée de vie de l'aérosol dans la stratosphère à 2 ans. Dans tous les cas, les besoins maximals de Budyko sont bien moindres que ceux que nous utilisons ci-dessous pour estimer le coût des matériaux et de leur mise en place (le coût du soufre est d'environ 0.1 $/Kg et nous supposons qu'il est de moins de 0.5 $/Kg pour la poudre). Le coût de l'écran utilisant un aérosol d'acide sulfurique dans la stratosphère serait moindre que ceux estimés ci-dessous pour la poudre si nous utilisons les estimations de Budyko. La quantité de poussière naturelle et due à l'homme émise dans l'atmosphère est (d'après les citations de Toon et Pollack, 1976) d'environ 1 à 3 x 10 puissance 12 Kg/an (1 à 3 millions de tonnes/an). C'est 100 à 300 fois la quantité proposée pour être ajoutée à l'atmosphère. Estimation des quantités Page
450 En utilisant 0.02 g/m2, la masse de poudre nécessaire pour atténuer l'effet de 1000 Gt C dans l'atmosphère (4000 Gt CO2) est de 10 puissance 10 Kg (10 millions de tonnes). Un kilogramme de poudre dans la stratosphère réduit donc l'effet de serre dû à environ 100 t C dans l'atmosphère. Pour atténuer l'effet de l'apport de gaz à effet de serre en 1989 aux États-Unis (8 x 10 puissance 9 tonnes, 8 milliards de tonnes), 2 x 10 puissance 7 Kg (20 millions de tonnes) de poudre seraient nécessaires. La poudre, dans les modèles de Ramaswamy et Kiehl, est distribuée uniformément dans la stratosphère autour du globe entre 10 et 30 Km. L'effet réel sur le forçage radiatif d'une distribution globale de poudre additionnelle serait plutôt plus important à faible altitude qu'à haute altitude parce que la lumière solaire est plus efficace à cet endroit pour des raisons géométriques. Ça diminuerait légèrement les gradients de température entre l'équateur et le pôle et pourrait avoir un certain effet sur l'intensité du climat. Cet effet peut sans doute aussi être étudié avec des modèles climatiques globaux. Effets annexes possibles Page
451 L'éruption volcanique du El Chichon en 1982 est estimée avoir relâché 1.2 x 10 puissance 10 Kg (12 millions de tonnes) de composés de soufre, comparé aux 10 puissance 10 Kg (10 millions de tonnes) de poudre ou d'aérosols discutés ci-dessus, apportant une concentration de 0.03 g/m2, comparé avec l'objectif de 0.02 g/m2 discuté ci-dessus, environ 10 fois la concentration d'origine de 0.002 g/m2. Après cette éruption, la concentration d'ozone de son panache dans la stratosphère a diminué d'environ 20%. Cependant, puisque le volcan a aussi émis d'énormes quantité d'acide chlorhydrique (HCI) (équivalent à 9% de l'HCI existant dans toute la stratosphère), il est maintenant clair que telle diminution a été causée par les réactions impliquant la poussière et l'aérosol, et que telle autre a été due à l'augmentation de CI due au HCI (Hoffman and Solomon, 1989). Il apparaît que la destruction de l'ozone stratosphérique due à des réactions chimiques à la surface de la poudre ou des aérosols ajoutés dans la stratosphère est un effet indésirable possible qui doit être considéré et compris avant que l'utilisation de cette option possible de réduction soit envisagée. Un rapport du Comité sur la Recherche Nationale (1985) cite des notes de Cadle et autres (1976) et Mossop (1963, 1965) qui donnent la quantité de particules de silicate de l'éruption du Mont Agung de 1963 avec une taille de 0.2 à 2 microns comme étant de 10 puissance 10 Kg (10 millions de tonnes), à peu près la quantité que le comité a estimé devoir être ajoutée. La demi durée de vie de cette poussière n'est pas mentionnée, mais la durée de vie d'un aérosol de sulfate avec une taille de 0.2 à 0.45 microns et une hauteur de colonne de 23 Km est donnée comme étant d'environ 1 an, concordant avec l'estimation basse du comité. Notez que l'on peut s'attendre à ce que la poudre produise des effets optiques visibles, tels que des couchers de soleil spectaculaires, comme dans le cas de la poussière volcanique. Scénario de distribution |
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