Modification de l'équilibre radiatif
de la terre par géoingénierie pour atténuer le
changement de climat dû au quadruplement de CO2 (2001)
Source:
Lawrence Livermore National Laboratory (pdf, en anglais)
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Il a été suggéré que le
changement de climat induit par le CO2 anthropique pourrait être
contrebalancé par des projets de géoingénierie
conçus pour diminuer la radiation solaire incidente à
la surface de la terre. Bien que
les modèles spatiaux et temporels du forçage radiatif
par les gaz à effet de serre diffèrent de ceux de la lumière
solaire, il a été montré dans une étude
récente que ces projets pourraient largement atténuer
le changement de climat saisonnier ou régional pour un doublement
de la quantité de CO2. Nous examinons ici la capacité
de la luminosité solaire réduite d'annuler les effets
du quadruplement de CO2. En accord avec nos études précédentes,
les projets de géoingénierie pourraient sensiblement diminuer
le changement de climat saisonnier et régional. Cependant, il
y a certains changements de climat résiduels: pour la géoingénierie
dans le cas d'un quadruplement du CO2, une diminution significative
de la température de surface et du flux maritime se produit dans
les tropiques; le réchauffement aux hautes latitudes n'est pas
complètement compensé; l'effet de refroidissement des
gaz à effet de serre dans la stratosphère persiste et
la banquise n'est pas complètement rétablie. Cependant,
ces changements de climat résiduels sont beaucoup plus faibles
que ceux occasionnés par un quadruplement de CO2 sans réduction
du rayonnement solaire. Il faut faire preuve de prudence dans l'interprétation
parce que ces résultats viennent d'un seul modèle avec
de nombreuses hypothèses simplificatrices. Il y a aussi de nombreuses
raisons techniques, environnementales et politiques pour ne pas implémenter
les projets de géoingénierie.
Plusieurs projets ont été proposés
pour contrecarrer l'influence du réchauffement dû à
l'augmentation du CO2 atmosphérique au moyen de manipulations
intentionnelles de l'équilibre radiatif de la terre (Budyko,
1977; Early, 1989; Seifritz, 1989; Académie Nationale des Sciences,
1992; Watson et autres, 1995; Flannery et autres, 1997; Teller et autres,
1997). Ces projets de géoingénierie
impliquent typiquement le placement de réflecteurs ou éparpilleurs
dans la stratosphère ou en orbite entre la terre et le soleil
au point de Lagrange L1, diminuant la quantité de lumière
solaire incidente sur la terre.
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Dans une étude récente (Govindasamy et Caldeira, 2000),
il a été montré que les projets de géoingénierie
qui réduisent la radiation solaire incidente uniformément
d'environ 1.8% pourraient largement réduire le changement de
climat moyen global et annuel pour un doublement de CO2 par rapport
aux niveaux pré-industriels. Ils ont de plus montré qu'une
telle réduction de la luminosité solaire compenserait
également largement le changement de climat régional
et saisonnier.
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Il n'est pas sur que la réduction de la luminosité solaire
puisse efficacement annuler les effets d'une plus grande augmentation
de la quantité de CO2 atmosphérique.
En pratique, cette réduction de la radiation
solaire incidente sur la terre pourrait être apportée par
le placement de dispositifs réfléchissants ou éparpillants
entre la terre et le soleil (Early, 1989; Seifritz, 1989; Flannery et
autres, 1997; Teller et autres, 1997).
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La comparaison des résultats pour la température de surface
moyenne indique que la géoingénierie
peut largement compenser l'impact d'une augmentation de la concentration
de CO2.
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La comparaison des résultats pour la température de surface
en fonction de la latitude et de la saison indique que la
réduction de la luminosité solaire peut largement compenser
l'impact d'une augmentation de la concentration de CO2.
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L'approche géoingénierie impliquant le placement d'aérosols
dans la stratosphère (Flannery et autres 1997; Teller et autres,
1997) pourrait avoir des effets négatifs additionnels sur la
chimie stratosphérique (Kinnison et autres, 1994).
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Il a été suggéré qu'un arrêt de la
circulation thermohaline de l'atlantique nord pourrait être une
conséquence de l'augmentation de la température de surface
et du flux maritime dans les hautes latitudes induite par le CO2 (Manabe
et Stouffer, 1993, 1994; Rahmstorf, 1996, 2000). Nos résultats
suggèrent que la diminution de la radiation solaire incidente
sur la terre grâce à la géoingénierie pourrait
diminuer les impacts de l'augmentation de CO2 dans ces deux cas, rendant
l'arrêt de la circulation thermohaline de l'océan moins
probable. De plus, la fonte du Groenland et de la calotte glaciaire
antarctique et la montée du niveau de la mer qui en résulteraient
sont moins probables de se produire dans un monde avec géoingénierie.
Cependant la réduction simulée
des précipitations dans les tropiques dans notre simulation de
géoingénierie pourrait avoir des conséquences pour
l'agriculture dans cette région. Les implications économiques
et environnementales de ce changement doivent être abordées.
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Nos résultats suggèrent que la géoingénierie
peut être une stratégie prometteuse pour contrebalancer
le changement de climat, car il ne serait peut être pas nécessaire
de répliquer exactement les modèles de forçage
radiatif dû aux gaz à effet de serre pour largement supprimer
leurs effets. Cependant, de subtils changements dans la distribution
de la lumière solaire associés avec les cycles de Milankovitch
(Imbrie et autres, 1984) peuvent avoir produit de grands changements
de climat sur des périodes supérieures à 10000
ans, après que la circulation océanique et la calotte
glaciaire se soient ajustées au nouveau climat légèrement
modifié. Donc, même si les projets
de géoingénierie pouvaient largement compenser le changement
de climat induit par le doublement ou quadruplement de CO2 à
court terme, il n'y a aucune garantie que le climat à long terme
resterait relativement non affecté. Par exemple l'assimilation
de CO2 par la biosphère augmentera pour des niveaux élevés
de CO2 atmosphérique, que nous implémentions des projets
de géoingénierie ou non.
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Les projets de géoingénierie imposent une variété
de défis technologiques, environnementaux et économiques
(Early, 1989; Seifritz, 1989; Académie Nationale des Sciences,
1992; Watson et autres, 1995; Flannery et autres, 1997; Teller et autres,
1997). Par exemple dans le cas du placement de réflecteurs dans
l'espace; puisqu'un quadruplement du CO2 nécessite l'interception
d'environ 3.6% de la lumière solaire incidente sur la terre,
une surface d'interception d'environ 4.6 x 10
puissance 6 Km2 ou 1200 Km de rayon doit être construite.
Pour contrebalancer un réchauffement temporaire, la lumière
solaire doit diminuer dans le temps comme le taux de CO2 augmente. Si
le CO2 augmente au rythme actuel d'environ 0.4% par an (Houghton et
autres, 1995), pour contrebalancer ce réchauffement nous
devrions construire environ 1.2 x 10 puissance 4 Km2 (62 Km de rayon)
de surface interceptrice chaque année. D'autres options
impliquent également de grandes difficultés. Placer de
petites particules ou des aérosols dans la stratosphère
pourrait résulter en une diminution de la radiation non uniforme.
Des miroirs dans l'orbite basse de la terre amèneraient une oscillation
de la lumière solaire environ 4% du temps, et impliqueraient
des problèmes de positionnement pour que les miroirs n'entrent
pas en collision. Des réflecteurs ou des éparpilleurs
au point de Lagrange entre le soleil et la terre impliquent de grandes
dépenses.
L'échec d'un système
de géoingénierie pourrait conduire à un réchauffement
extrêmement rapide de la terre. Les préoccupations
éthiques et politiques diffèrent si la modification du
climat à grande échelle est intentionnelle (c.à
d. avec la géoingénierie) ou si elle est simplement une
conséquence prévisible de nos actions (c.à d. dûe
à l'utilisation de combustibles fossiles). Beaucoup de projets
de géoingénierie sont des solutions coopératives
qui nécessitent une gestion mondiale continue pendant plusieurs
siècles. Étant donné l'histoire de la non-coopération
à l'échelle globale rien qu'au 20° siècle,
il y a une très grande probabilité de non-faisabilité
de la géoingénierie et de solutions coopératives
(Schneider, 2001). Étant donné ces difficultés,
l'option la plus prudente et la moins risquée
de diminuer le réchauffement global pourrait bien être
la réduction des émissions de gaz à effet de serre
(Hoffert et autres, 1998). Néanmoins, il
est utile d'étudier les projets de géoingénierie
qui pourraient fournir des options dans le cas où les émissions
de gaz à effet de serre induisent une réponse du climat
réellement catastrophique.
Remerciements
Ce travail a été accompli sous les auspices du département
US de l'énergie par le Lawrence Livermore
National Laboratory sous le contrat No. W-7405-Eng-48. |