Voler la nuit pourrait aider à garder
la planète plus froide
Source: Nature.com
http://www-pm.larc.nasa.gov/sass/contart_nature_081601.pdf
Voler la nuit pourrait aider à garder la planète plus
froide
15 août 2001
Tom Clarke
Prendre l'avion juste après l'aube ou juste avant le crépuscule
pourrait être meilleur pour l'environnement, d'après une
étude sur les contrails - les lignes brillantes de cristaux de
glace qui strient le ciel dans le sillage des avions.
Ils peuvent sembler bénins, même beaux, mais en réfléchissant
la chaleur montant du sol, les contrails ont un impact environnemental
faible mais significatif.
"Globalement ils ont un effet de réchauffement", dit
le scientifique de l'atmosphère Gunnar Myhre.
L'effet dépend de l'angle du soleil dans le ciel, ont trouvé
Myhre et son collègue Frode Stordal de l'Institut Norvégien
pour la Recherche sur l'Air à Kjeller. Vers
l'aube ou le crépuscule, les contrails agissent plus comme des
réflecteurs, renvoyant la lumière solaire dans l'espace.
"En décalant le trafic aérien vers le lever ou le
coucher du soleil, on pourrait diminuer l'impact", dit Myhre.
Patrick Minnis, un scientifique de l'atmosphère au centre de
recherche Langley de la NASA à Hampton, Virginie, est d'accord
avec leurs découvertes mais pense qu'il serait "très
irréaliste" d'essayer d'augmenter le trafic dans les tranches
horaires autour du lever et du coucher du soleil. Même s'il était
possible de réguler le moment où les avions volent, "on
ne pourrait pas forcer les contrails à persister seulement pendant
quelques heures par jour", avertit il.
Les contrails se forment quand la vapeur d'eau dans l'échappement
des moteurs gèle dans la troposphère, là où
les avions volent. Étant efficaces pour disperser la lumière,
les cristaux de glace des contrails ont un effet de serre plus grand
que le dioxyde de carbone également produit par les moteurs d'avion,
dit Myhre.
La mesure de l'impact des contrails n'est pas une science exacte. En
fonction de l'altitude d'un avion et de la température et de
l'humidité de l'atmosphère, les contrails peuvent varier
énormément en épaisseur et en durée, et
donc en pouvoir réfléchissant et isolant. La plupart durent
des minutent ou des heures, d'autres des jours.
Pendant la journée, les contrails persistants piègent
légèrement plus de chaleur qu'ils n'en réfléchissent
dans l'espace - la nuit ils continuent à piéger la chaleur.
Dans les zones à fort trafic aérien, comme l'Europe et
les États-Unis, les contrails pourraient réchauffer l'atmosphère
jusqu'à 0.1°C, ont trouvé Minnis et ses collègues
en 1999.
Bien que le réchauffement par les contrails soit faible - environ
75 fois moins que celui dû au CO2 d'origine humaine - "l'impact
futur des avions est très important", avertit Myhre - comme
on prévoit que le trafic aérien sera multiplié
par 5 dans les 50 prochaines années.
Myhre et Stordal ont combiné des images satellite avec des données
sur la durée des vols et la consommation de kérosène.
En comparant avec les modèles de dispersion de la lumière
des contrails, ils ont estimé la quantité de chaleur qu'ils
piègent ou réfléchissent.
Comme d'autres avant eux, ils ont trouvé un effet de réchauffement.
Mais en prenant en compte des mesures précédentes de la
propriété réfléchissante des cristaux de
glace dans les cirrus, ils ont trouvé que quand
la lumière frappe les contrails avec un angle faible - comme
à l'aube ou au crépuscule - ils réfléchissent
en fait la lumière, entraînant un effet de refroidissement.
Les chercheurs prévoient de continuer à observer les contrails
comme la technologie des avions et les plans de vol vont changer. Bien
qu'étant plus propre, on s'attend à ce que les avions
avec une nouvelle génération de moteurs volent à
plus haute altitude et causent plus de contrails. |